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Ils m'ont d'abord instruit
de force (c'est gratuit)
Ils m'ont tout enseigné
lire écrire et signer
M'ont fait baiser leurs pieds
fait remplir des papiers
diplômé embrassé
Puis ils m'ont fait bosser
Quand j'ai voulu penser
m'ont ensuite menacé
Ensuite ils m'ont traqué
Puis ils m'ont matraqué
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Ils m'ont emprisonné
puis ils m'ont questionné
jugé et condamné
au choix : guillotiné
fusillé décollé
garrotté étranglé
roué écartelé
noyé ou empalé |
Ils m'ont exécuté
puis réhabilité
donc ils m'ont déterré
puis ils m'ont décoré
Ils ont délibéré :
Est-ce que je serai
empaillé statufié
embaumé momifié
Quand le vin fut tiré
ils m'ont incinéré
et mis au Panthéon
à renforts d'orphéons.
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(1974) . Bernard LORRAINE |
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Une jeune guenon cueillit
une noix dans sa coque verte ;
Elle y porte la dent, fait la grimace... Ah ! certes,
Dit-elle, ma mère mentit
Quand elle m'assura que les noix étaient bonnes.
Puis, croyez au discours de ces vieilles personnes
Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit !
Elle jette la noix. Un singe la ramasse,
Vite entre deux caillou la casse,
L'épluche, la mange, et lui dit :
Votre mère eut raison, ma mie,
Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir.
Souvenez-vous que dans la vie,
Sans un peu de travail on n'a pas de plaisir. |
Jean-Pierre Claris de Florian, Fables, 1792
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Défense de...
Défense de fumer
Réservé au spectacle,
Défense de pénétrer
Propriété privée,
Défense de chasser
Chasse gardée,
Défense de circuler
Rue fermée,
Défense de marcher
Pelouse interdite,
Défense de klaxonner
Hôpital psychiatrique,
Défense d'afficher |
Réservé à la publicité,
Défense de parquer
Voitures circulez,
Sous peine de P.V.
J'ai cherché
Un panneau indiquant autorisé
Je n'en ai point trouvé.
Il faut croire que le monde,
Ainsi fait, interdit tout.
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Gérard ACHARD |
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CHUTE et RACHAT
Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe !
Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe !
Qui sait combien de jours sa faim a combattu !
Quand le vent du malheur ébranlait sa vertu,
Qui de nous n'a pas vu de ces femmes brisées
S'y cramponner longtemps de leurs mains épuisées !
Comme au bout d'une branche on voit étinceler
Une goutte de pluie où le ciel vient briller,
Qu'on secoue avec l'arbre, et qui tremble et qui lutte,
Perle avant de tomber et fange après sa chute !
La faute est en nous. A toi, riche ! à ton or !
Cette fange d'ailleurs contient l'eau pure encor.
Pour que la goutte d'eau sorte de la poussière,
Et redevienne perle en sa splendeur première,
Il suffit, c'est ainsi que tout remonte au jour,
D'un rayon de soleil ou d'un rayon d'amour !
Victor HUGO, Les Chants du crépuscule, recueil de 39 poèmes, 1835, XIV. |
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Pour faire un poème dadaïste
Prenez un journal
Prenez des ciseaux
Choisissez dans le journal un article ayant la longueur que
vous compter donner à votre poème.
Découper l'article.
Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment
cet article et mettez-les dans un sac.
Agitez doucement.
Sortez ensuite chaque coupure l'une après l'autre.
Copiez consciencieusement
dans l'ordre où elles ont quitté le sac.
Le poème vous ressemblera.
Et vous voilà un écrivain infiniment original et d'une
sensibilité charmante, encore qu'incomprise du
vulgaire.
Tristan Tzara (1924)
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Pouce pouce yayako
Chanson du groupe Les Bouskidous
Pouce pouce yayako
Pouce pouce yayako
Quand avec les copains tu joues à chat perché !
Pouce pouce yayako
Pouce pouce yayako
Tu connais le moyen pour n'pas te faire attraper.
Pouce pouce yayako
Pouce pouce yayako
C'est la formule magique dans toutes les récrés.
Pouce pouce yayako
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Les Bouskidou |
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La trompe de l'éléphant
c'est pour ramasser les pistaches :
pas besoin de se baisser.
Le cou de la girafe,
c'est pour brouter les astres :
pas besoin de voler.
La peau du caméléon,
verte, bleue, mauve, blanche,
selon sa volonté,
c'est pour se cacher des animaux voraces :
pas besoin de fuir.
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La carapace de la tortue,
c'est pour dormir à l'intérieur,
même l'hiver :
pas besoin de maison.
Le poème du poète,
c'est pour dire tout cela
et mille et mille autres choses :
pas besoin de comprendre. |
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Alain Bosquet (1977) |
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Y a un monstre dans ma cave
Y a un monstre dans ma cave
Qui ronge des betteraves.
Il s'appelle " Astrabulon "
Il est noir comme le charbon.
Il a des dents de trois mètres,
Sur le front une fenêtre,
Sur le ventre trente pattes
Qui se grattent, qui se battent ! |
Il beugle comme une vache.
Attention il se détache !
Il va monter l'escalier
Pour venir vous grignoter !
Grimpez-pez-pez-pez-pez-pez-pez
Grimpez-pez-pez-pez-pez-pez-pez
Grimpez-pez-pez-pez-pez-pez-pez
Grimpez vite au grenier ! |
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Daniel Thibon |
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La Nuit de Mai ( extrait )
Comme il fait noir dans la vallée !
J'ai cru qu'une forme voilée
Flottait là-bas sur la forêt.
Elle sortait de la prairie;
Son pied rasait l'herbe fleurie :
C'est une étrange rèverie;
Elle s'efface et disparaît.
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Alfred de Musset, La nuit de Mai, 1835 |
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Petite pluie
Plic
Plic
Plic
plic
plic
plic
Plic
ploc
Plic
ploc
plic
plic
plic
ploc...
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Plic , plic , ploc , plic
Plic , plic , ploc
Plic , plic , plic , plic
Plic , plic , ploc,
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Plic - plic- plic- plic- plic- plic- plic
plic- ploc- plic- ploc- plic- ploc- plic
ploc- ploc- ploc- ploc- ploc- ploc- ploc
ploc- plic - ploc- plic - ploc- plic - ploc
plic- plic- plic- plic- plic- plic- plic
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Ploc, ploc , plic
Ploc , ploc , ploc , ploc,
Ploc, ploc , plic
Ploc , ploc , plic , ploc
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Ploc ,
plic ,
ploc ,
plic ,
ploc ,
ploc ,
ploc ,
plic
Ploc ,
ploc
Ploc !
Pl ...
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